Vulves Assassines-Double Critique

Les Vulves Assassines Doublement critique

Festifl’Art samedi 21 juillet 2023 – Fête de l’Humanité vendredi 15 septembre 2023

Chronique de deux concerts exaltés à 3 mois de différence, lors de deux scènes de festivals particuliers par deux personnes singulières

Iskra de la Fuente – Festifl’Art

Quelle claque ! Ce sont les Rage Against The Machine françaises en version électro

Un plaisir immense avec un public survolté dans un cadre festif et bon enfant

Mon coup de cœur scénique musical et militant de 2023

Festifl’Art est un Festival de musique, théâtre et marché familial la journée, plus adulte le soir avec 2 grandes scènes, 2 plus petites, un marché artisanal et des lieux pour les spectacles. Près de Meaux (77) en Ile-de-France, j’ai beaucoup aimé l’ambiance, le lieux et l’accueil sympathique des bénévoles. Le soleil ayant été au rendez-vous ce fut un moment de musique et joie fort appréciable.

J’ai eu le plaisir de découvrir ce groupe à la radio, dans l’émission désormais culte « Par Jupiter » des excellents belges Charline Vanhoenacker et Alex Vizorek, sélectionnées par Djubaka programmateur protéiforme de France Inter.

Elles commencent doucement à nous envoyer de sacrés morceaux. La chanteuse a une présence, que dis-je, un charisme digne de Zack de la Rocha ! Elle est montée sur ressorts et dégage la même énergie déterminée que lui. Le dispositif scénique et les beats Hardetk me font penser à Alec Empire et son groupe Atari Teenage Riot que j’ai eu le plaisir de voir au Bus Palladium. Que du bon son gauchiste bien vénère !

Leur album « Das Kapital » est une ode au féminisme et à l’idée primaire du communisme. Elles osent faire le même parallèle que le vieux Karl Marx, celui du capitaliste vu comme un vampire dans leur chanson éponyme. C’est sacrément gonflé à l’heure de la montée des ultraconservateurs en Europe. Féminisme radical avec « Je suis belle », « Tu veux baiser » et « Queen Kong », référence à Virgine Despentes et son King Kong Théorie (ed. Grasset 2006). Dénonciation des figures autoritaires adulées par l’extrême droite avec « Le Préfet » et ironie mordante avec « Le sauveur du Monde ». Sarcasme bien senti envers les théories complotistes avec « Conspiration »… Cet album est vraiment pertinent en ces temps de crises et de divisions.

A la fin du concert, le pogo anarchique et bienveillant est une catharsis pour tout le public sans cesse plus nombreux. Pas de violence ici, mais la sensation de rage d’une classe sociale sans cesse appauvrie par de très riches milliardaires qui se construisent des bunkers pendant qu’ils jouent à la guerre et détruisent la planète sans aucun scrupule. La retraite nous ne l’aurons pas, mais si nous nous ne laissons plus faire peut-être que nous pourrons laisser une Terre vivable à nos descendants…

Julien Nicollet – Fête de l’Humanité

Cela semble une éternité, cette époque où naturellement chaque rentrée de septembre s’accompagnait de l’incomparable fête de l’humanité « l’huma » pour les intimes. Depuis le covid et toute la vie culturelle mise en sourdine quel plaisir de retrouver cette ambiance unique où se mêlent concerts de tous genres (amateurs et pros) et des stands de toutes les régions de France et du monde entier où on se nourrit et on boit pour pas trop cher mais aussi où on tchatche tout aussi bien cause Zapatiste et Chiapas que l’on se régale de nourriture mexicaine.

Or depuis plus de deux ans la fête plus que centenaire a déménagé du Bourget et du parc de la Courneuve pour le sud de l’île de France et la commune de Brétigny sur Orge.

Je décide de retrouver la bonne vieille scène Zebrock (une des plus grandes) pour voir celles que j’attendais sur scène depuis longtemps les « Vulves assassines « .

Rares sont les groupes (encore plus aujourd’hui qu’hier) qui connaissent la renommée grâce à autre chose que de la promo ou des maisons de disques. Et pour cause ce groupe techno rap punk s’est fait connaître essentiellement par son tube de cortège de manif « la retraite ».

Semaines après semaines, hurler, scander les mêmes slogans, en se faisant gazer de temps à autre ou recevoir des charges impromptues des forces du désordre cela use énormément. Alors ce chant venu tout droit de la glorieuse époque des Bérurier noir est une bénédiction punk.

A l’image de la référence française du genre du pamphlet contestataire des années 80, les Vulves fonctionnent en trio minimaliste.

Une guitariste solo participe à grand coup d’effets de guitare électrique à des nappes électro.

Pendant ce temps-là deux lead vocal se partagent le micro et se déchaînent sur des claviers distillant effets technos. Habillées en survêtement et en mode guerrière ! Elles haranguent la foule avec maestria et ont une flamme, une rage en elles incandescente, communicative.

Point d’orgue du concert, là où tout avait commencé par des chants de manif anti gouvernement Macron et anti tout sécuritaire de leur public elles se jettent littéralement dans la fosse (à l’image de leurs glorieux aînés) après une multitude de pogos.

Les vulves sont puissamment anti-capitaliste comme le prouve leur album « Das Kapital » mais leurs punch lines rap sont matinées d’humour et leur féminisme est beau à voir car à l’image de toutes les plus belles luttes, le féminisme est efficace lorsqu’il s’affranchit du capitalisme.

Le concert était sublime et je ne m’étais pas senti aussi raccord avec un groupe depuis Shaka Ponk à la Fête de l’Huma depuis déjà quelques années. Mais malédiction oblige avec le parti communiste et sa hiérarchie, je rentre chez moi et je vois sur les réseaux sociaux le camarade Richie des Gilets Jaunes qui se fait molester par le service d’ordre de Fabien Roussel invitant Édouard Philippe à débattre. La jeune garde, porte-voix et relève des Gilets Jaunes a eu juste la « mauvaise » idée de chiper le micro à l’ex locataire de Matignon (lorsqu’il exerça la répression policière et judiciaire sur le prolétariat français). Il expliqua en quelques secondes (avant de se faire neutraliser violemment) que l’Huma (le parti communiste) ne pouvait pas inviter un tel oppresseur du peuple.

Heureusement les institutions et les arcanes du pouvoir sont loin des préoccupations de la jeunesse. Elle est là et elle porte fièrement les valeurs de gauche, d’humanisme et la musique et l’activisme en sont de magnifiques vecteurs.

Pour en revenir et conclure sur nos sujets : les « Vulves assassines » c’est que du bonheur car l’Amour n’a pas de sens sans justice.